Dior Printemps-Eté 2021 : une Campagne en Clair-Obscur Captivante
Maria Grazia Chiuri est de ces créateurs qui nous ouvrent les yeux sur la toute puissance artistique et symbolique de la mode.
A l’image du défilé de cette collection prêt-à-porter printemps-été 2021, qui avait vu performer l’ensemble musical Sequenza 9.3 au cours d’un spectacle fascinant, son travail nous propose, à chaque apparition, une nouvelle célébration du potentiel créatif de la couture. La mode est complexe, tour à tour onirique, mystique, intellectuelle et militante. La Mode est Art. Si on l’avait oublié, Maria est là pour nous le rappeler.
Réalisés par la photographe de mode Elina Kechichevna, particulièrement reconnue pour son utilisation picturale de la lumière et des matières, ces clichés sont d’abord le fabuleux théâtre de la couture.
Là, les coupes fluides et les étoffes aériennes soulignent la grâce des corps indolents. Les robes de vestales renaissantes chuchotent des nuances de rose, de bleu et de vert. Ici, une élégante chemise masculine dialogue avec une veste Palto. Confort et légèreté sont de mise, mais ces créations sont exaltées d’une certaine poétique. Les impressions florales dentellées et brodées, les motifs cachemire et les rayures tie & dye, leur apportent ainsi ce qu’il faut de profondeur et détails. Quand les turbans, sacs et jolis souliers, finissent de dessiner des silhouettes féminines et audacieuses.
Les codes Dior semblent s’y réinventer, transcendés au gré des créations de Maria Grazia Chiuri et sublimés par ces compositions visuelles aussi remarquables que mémorables.
Conçue nous dit-on, comme un manifeste interrogeant les fondements de la mode, de la coupe et de l’assemblage, la collection est aussi le salut révérencieux de la créatrice à tous les savoir-faire d’exception.
Un hommage à la créativité multi-forme et pluri-disciplinaire. Des travaux féministes de Virginia Woolf aux collages engagés de Lucia Marcucci, autant de références que l’on retrouve ainsi infusées dans l’ADN de la collection. Une intention dont on retrouve d’ailleurs l’estampe au coeur de cette campagne. Car inspirés par l’esthétique dramatique du Caravage et par l’oeuvre pionnière de Soeur Plautilla Nelli - l’une de ces multiples femmes peintres oubliées de la Renaissance - ces visuels transportent la collection vers univers aux multiples strates créatives.
Par-delà l’esthétique, ces tableaux sont chargés d’un surplus de sens. Les attitudes alanguies y répondent ainsi aux poses dramatiques ; les chaudes lumières d’or y côtoient de lourds velours d’un bleu virginal ; tandis que les silhouettes, mi-déesses mi-apôtres, semblent avoir été arrêtées lors d’une cène profane. Il y a de la spiritualité dans ces images. Icônes modernes, travaillés d’une minutie extrême, ces tableaux baroques s’imposent de toute leur force symbolique.
À s’y attarder plus longtemps, c’est à croire que ces compositions pourraient prendre vie.
Rien ici n’aura été choisi au hasard. Rien ici n’est dénué de sens. On y distinguerait presque la chaleur des chandelles, le froissement des étoffes et le goût des fruits. A y scruter les détails, on s’apercevra qu’en réalité, l’histoire qui nous est contée est tragique. Les pleureuses sont là pour en parler.
Mais la noce fut-elle funèbre et l’histoire ne serait-elle qu’un rêve, le dialogue entre l’image et le vêtement est d’une pertinence exquise. Quant-à l’émotion suscitée à la vue de ces tableaux, celle-ci est bien réelle. Maîtresse du songe et de la poésie, la Maison Dior nous prouve, qu’à l’heure des campagnes parfois fades et glacées, la mode est encore capable d’éveiller les sens et de toucher les esprits.
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